
Roman des coulisses, celles du prestigieux festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, Jeux de lumière est aussi le roman des points de bascule, de l’instant des choix, qui disent qu’on ne peut rester indéfiniment tapi dans l’ombre, de soi comme de l’autre.
JEUX DE LUMIERE
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Le festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence et Le Songe d’une nuit d’été sont pour Juliette, technicienne Lumière, l’occasion d’affirmer ses choix et d’écouter ses désirs. Entre rencontre avec Shakespeare, découverte d’un manuscrit, régie et coulisses, petites et grandes histoires s’entremêlent pour nous faire découvrir le monde de l’opéra et de ses acteurs de l’ombre. Depuis Aix-en-Provence jusqu’à Édimbourg, des Hautes-Alpes à Strasbourg se dessine une intrigue sentimentale.
Que faire lorsque vous réalisez que vous ne voulez pas la même chose que la personne avec laquelle vous partagez votre vie depuis bientôt dix ans ? Comment traiter avec vous-même lorsque vous comprenez que vous vous êtes menti, comme vous avez menti à l’autre et que vous êtes à présent au pied du mur ? Comment faire le choix assumé d’un métier passion lorsque cela entraîne la dislocation de votre couple ?
Mois de mai : Juliette, régisseuse lumière, entame une nouvelle saison au théâtre de l’Archevêché, pour préparer les opéras qui seront mis en scène dans le cadre du Festival d’art lyrique. Pour Laurent, l’homme qui partage sa vie, ce théâtre va lui enlever, comme chaque année, la femme qu’il aime. Mais cette année-là, il se pourrait que Juliette passe, complètement, de l’autre côté du miroir…
Juliette : la passion pour la lumière, pour l’univers du théâtre, du spectacle vivant. Obstinée, entière, elle entretient un lien hors du commun avec ce théâtre d’Aix-en-Provence.
Laurent : Notaire, incarne la mesure, la protection, le calme, la vie stable et la générosité. Il aime passionnément Juliette.
Matt : un être solitaire, opaque, qui fascine. Connaît par cœur le Festival, son fonctionnement, les équipes.
Frank : le meilleur ami de Juliette. Incarne la simplicité, la droiture, la franchise.
Léopold : l’oncle de Juliette. Un personnage atypique, un pilier dans la vie de sa nièce.
Les équipes techniques du festival : l’âme de la solidarité, de l’amour du métier et du savoir-faire.
- Les attentes de la société vis-à-vis des femmes et du rôle maternel qui leur est assigné.
- La difficulté d’assumer un métier passion, surtout lorsque l’on est une femme et que l’on vit en couple.
- L’autre, cet inconnu.
- Le prix à payer lorsque l’on fait le choix de l’alignement avec ce qui nous fait vibrer.
- Le statut et les conditions de travail des intermittents du spectacle.
- La Culture et sa place dans la société.
- Des questions atemporelles et universelles : Comment faire les bons choix ? Doit-on se choisir au détriment de l’autre ? Comment affronter sa vérité lorsque cela fait mal ? Raison ou Sentiments ?
La lumière est pâle ce matin, caressante. Il est sept heures et quart, la place est encore presque déserte. Là-bas, attablés près de la fontaine, à côté de la maison paroissiale, deux jeunes gens prennent un café. Enfin, l’un des deux seulement. Lui a déjà fini son expresso tandis qu’elle se sert une deuxième tasse de thé. Vert, comme toujours, avec une rondelle de citron. Ça lui rappelle sa mère. Les souvenirs affleurent, bordent ses lèvres.
On pourrait penser qu’ils sont là pour prendre un petit-déjeuner en terrasse d’un café-restaurant, jouant aux touristes fraîchement débarqués dans cette ville du sud de la France, la ville aux cent fontaines. Mais non, ce n’est pas cette scène qui est prévue. Ce qu’il va se passer est tout autre. En réalité, Juliette ne va pas tarder à partir pour venir me retrouver, et ça, il ne le supporte pas. Laurent voudrait pouvoir la retenir, la saisir par le bras, l’épaule, peu importe. La convaincre de rester, de tout annuler. Il aimerait tant qu’elle rapetisse un peu, juste pour ne pas voler trop haut. Tout son corps voudrait se saisir de celui de Juliette, en partance pour l’ailleurs, vibrant pour une musique audible d’elle seule. Mais il se sait impuissant à la maintenir à quai. Elle n’est déjà plus là. Elle n’était déjà plus avec lui, bien avant qu’ils n’arrivent ici. Ils se sont assis l’un en face de l’autre, mais il est resté transparent. Il lui parle, la questionne. Elle lui répond, distraite. Ils échangent quelques banalités sur le temps qu’il fait, la moiteur de ces derniers jours, le planning prévisionnel de la semaine… Ils font comme si. Donnent le change. Paraissent tout à fait détendus. Un couple banal. Mais un œil un peu observateur comprendrait sans peine que la réalité est tout autre. Juliette regarde Laurent, mais elle ne le voit pas. Elle est à l’affût, attend le signal. Depuis quelques jours déjà, sans doute même plusieurs semaines, c’est moi qui occupe ses pensées, qui me fonds dans ses rêves. L’étau pour Laurent se resserre. D’ici peu, il n’aura d’autre choix que celui de se lever, de l’embrasser et de lui souhaiter bonne chance.
Quel est le point de départ narratif de votre roman, et pourquoi ?
Jeux de lumière est né d’un double coup de foudre : celui pour le théâtre de l’Archevêché, et celui pour la mise en scène par Robert Carsen du Midsummer night’s dream, de Shakespeare, qui est un auteur que j’admire profondément et avec lequel je tisse des liens forts depuis l’enfance. Lorsque je suis ressortie de cet opéra, donné en 2015, j’étais bouleversée. C’est indicible. Je suis repartie avec une certitude : j’écrirai ce moment, j’écrirai cette fulgurance. Cela devenait absolument nécessaire. Je n’ai aucune explication rationnelle pour cela, mais c’est ainsi. Quelque chose de plus grand que moi, que tout ce que je pouvais vivre se présentait là, et il fallait que je crée une histoire.
Selon vous, quel est le cœur de votre roman ?
L’amour. Définitivement. L’amour que Juliette éprouve pour son métier, pour la lumière, pour le spectacle vivant. L’amour qu’elle ne parvient pas à ressentir pour Laurent. L’amour qui la traverse, malgré elle, pour cet homme qui semble porter en lui l’âme de l’Archevêché, Matt, et qu’elle n’aurait jamais dû rencontrer si…
Quelle est la teneur de votre héros (héroïne) et pourquoi ?
À travers son parcours singulier, il me semble que Juliette peut incarner à sa manière toutes les femmes d’aujourd’hui. Toutes ces femmes qui ont, croit-on le choix facile de se créer une vie, un avenir, à leur image, selon leurs propres désirs. Les barrières visibles sont tombées, en France du moins, et heureusement, dans d’autres pays. Pourtant, sommes-nous si libres que nous prétendons l’être, ou que la société veut bien nous le faire entendre ?
Est-il si facile de revendiquer, lorsque l’on est une femme, de se consacrer à son métier ? Est-il si facile de dire non à la maternité, de renoncer à une vie de couple stable, sécurisante ? Est-il facile d’assumer ses choix lorsque ces derniers induisent une existence en mouvance permanente ? Le statut d’intermittent du spectacle redouble, d’ailleurs, cette instabilité. Or, il n’est pas si facile de marcher dans un sentier si escarpé, sinueux, surtout quand on nous offre la possibilité de prendre l’autoroute…
Dans quelle mesure votre texte entre-t-il dans la ligne éditoriale engagée conduite par les Éditions Red’Active ?
Les éditions Red’Active choisissent et publient des textes forts, qui questionnent, qui offrent aux lecteurs davantage qu’un simple « bon moment » passé avec un livre. Je ne sais pas si j’y suis parvenue, mais j’ai écrit Jeux de lumière dans cette même perspective. Oui, il y a une histoire, celle de Juliette, de Laurent et de Matt. Oui, Jeux de lumière est une fiction qui, je l’espère, emporte le lecteur dans un univers méconnu, le fait voyager entre Aix-en-Provence, et Édimbourg, en Écosse. Mais ce roman n’est pas seulement un récit que l’on suit et qui ne demande qu’à se laisser transporter. Son cœur questionne, sur ce que l’on peut considérer être une vie réussie, sur la fragilité de l’existence, en écho à ce que le personnage de Frank traverse. C’est un roman qui vous demande, comme un miroir : Qu’êtes-vous prêt(e) à sacrifier pour être aligné(e) avec votre véritable désir ? Quel prix pouvez-vous consentir à payer pour vivre votre rêve ? Votre passion ?
Quelle est l’émotion dominante que vous aimeriez laisser chez le lecteur ?
Je sais bien qu’on ne peut ranger cela dans le domaine des émotions, mais ce que je voudrais offrir aux lecteurs, avec ce roman, c’est de la lumière justement. De la lumière, c’est-à-dire l’envie de croire au merveilleux, la force de lever les yeux vers le ciel et de les soustraire au goudron des jours tristes, qui abaissent, nous engluent. J’aimerais que les lecteurs ressortent de mon livre avec des galets d’espérance, des galets de lumière.





