
La Balanguera, c’est l’histoire d’amour impossible entre un étudiant majorquin, engagé en 1936 dans le camp républicain, et une jeune fille de son île. Se croyant séparés par la situation politique, ils ignoreront toute leur vie les causes véritables, mais mystérieuses et profondément ancrées dans l’histoire, qui ont déterminé leur sort.
LA BALANGUERA
9782490313433
Espagne, fin des années 1930. La guerre civile oppose nationalistes et républicains et bouleverse l’amour de Diego et Maria. Des combats de la Cité universitaire de Madrid, au vol de l’or de la banque d’Espagne, des derniers secrets du chef communiste Santiago Carrillo à la mort du héros anarchiste Buenaventura Durruti, La Balanguera nous entraîne dans les arcanes de la grande histoire. Cinquante ans plus tard, la fille de Maria et le fils de Diego découvrent la vérité et le passé tourmenté de Majorque. Connaît-on jamais la vie de ceux qui nous sont les plus proches ?
Dans quelle mesure connaît-on vraiment ses proches ?
C’est la question que se posent Inès et Jim à mesure qu’ils découvrent l’histoire de leurs parents, cinquante ans après le drame de la guerre civile qui les a séparés.
Diego n’est jamais parvenu à surmonter le choc traumatique des combats auxquels il a pris part.
Maria a été marquée au plus profond de son âme par les violences qu’elle a subies.
Jim, le fils de Diego, a souffert du mutisme de son père.
Inès, la fille de Maria, découvre qu’elle ne sait rien de la véritable histoire de sa mère.
Ramon, « le fils de personne », souffre qu’on lui ait toujours caché qui était son père.
Tous ignorent que, depuis des siècles, sur l’île de Majorque, la question des origines est un sujet inflammable.
La Balanguera traite des cicatrices non encore refermées de la guerre civile. La société espagnole est loin d’en avoir fini avec ce passé. Car elle n’a pas pris suffisamment conscience que cette tragédie fut la réitération d’un conflit plus ancien, une nouvelle guerre culturelle et religieuse, le recommencement des fanatismes de la conquête musulmane puis de la Reconquista dont seuls les Chuetas de Majorque ont conservé la mémoire.
Les premiers temps, ils avaient parlé et encore parlé, de leur vie qui commençait, de cette guerre qui n’en finissait pas, de leurs rêves.
Diego, qui avait vingt-quatre ans, dont deux passés à lutter sous les ordres directs des agents du NKVD envoyés par Staline, avait appris à cloisonner ses relations, à compartimenter son existence. Pourtant, il souffrait de devoir constamment mentir à Maria. Il lui disait qu’à la fin de l’été, il retournerait en France où il poursuivrait la rédaction de sa thèse. Il devait entretenir cette fiction, c’était une question de vie ou de mort. Il ne pouvait rien lui confier de ce qui faisait son existence depuis deux ans, de ses missions aux quatre coins du pays, des combats au corps à corps dans les ruines de la Cité universitaire. Maria aurait été horrifiée.
Elle n’était plus cette ingénue un peu délurée qui l’avait ébloui trois ans auparavant. Elle l’interrogeait sur ses études et ses projets ; elle était vive, intelligente, curieuse de l’existence que l’on menait à Paris. Bien qu’assez ignorante des choses de la politique, elle avait conscience qu’une immense tragédie se jouait dans ce conflit qui déchirait leur pays. Elle se montrait sensible et compatissante en songeant au peuple des régions de la ligne de front, tous ces pauvres gens jetés sur les routes, leur ville ou village ravagé, leur maison détruite. Diego était charmé par sa délicatesse de sentiment, sa générosité, son bon cœur.
Jusqu’à ce jour, Diego s’était contenté de prendre la main de Maria. N’ayant plus l’âge des chastes rendez-vous sous le regard de dames patronnesses, un samedi, en passant par le chemin de la montagne, il l’emmena se baigner à Deià. Hormis quelques gamins qui s’amusaient à plonger du haut des rochers, ils étaient seuls sur la petite plage de galets en forme de calanque. Les touristes ne découvriraient ces lieux que trente ans plus tard. Diego put admirer les courbes délicieuses de la jeune fille qu’il voyait, pour la première fois, seulement vêtue d’un maillot de bain. Après s’être roulés dans les vagues, pour la première fois, ils s’embrassèrent. Elle était si désirable, allongée sur sa serviette, offerte à ses baisers.
Sa mission ne donnait rien, les troupes du général Franco triomphaient sur tous les fronts et, discrètement en ce mois de juillet 1938, les agents soviétiques préparaient leur repli. Dans le camp républicain, les plus clairvoyants savaient que la guerre était perdue. Diego se sentait le droit de penser au lendemain. Pourquoi ne ferait-il pas de Maria son épouse ?
Quel est le point de départ narratif de votre roman, et pourquoi ?
Il s’agit d’une histoire d’amour contrariée. Séparés par la guerre, Maria et Diego mettront des dizaines d’années à se retrouver, après s’être cherchés en France puis en Amérique, et à tenter de comprendre, sans y parvenir tout à fait, les circonstances tragiques qui ont conduit à leur séparation puis à leurs retrouvailles. Il appartiendra à leurs enfants (Inès et Jim) de découvrir la cause mystérieuse, profondément enracinée dans l’histoire de leur pays, qui a brisé leur bonheur.
Selon vous, quel est le cœur de votre roman ?
Ce qui soutient toute la narration est la recherche d’une explication aux malheurs des personnages. Celle-ci se trouve enfouie dans les tréfonds de l’histoire de Majorque. Et tout ce que je révèle à la fin du roman est absolument véridique.
Quelle est la teneur de votre héros (héroïne) et pourquoi ?
Diego est un personnage poignant, car malgré son courage et sa lucidité, il meurt sans que Maria ne lui ait révélé la plus intime de toutes ses blessures. Maria, de son côté, est profondément attachante, car elle croit protéger par son silence l’homme qu’elle aime. Mais elle est rattrapée par la tragédie, et elle non plus ne saura jamais ce qui a causé le drame vécu par sa famille.
Dans quelle mesure votre texte entre-t-il dans la ligne éditoriale engagée conduite par les Éditions Red’Active ?
La Balanguera mêle une histoire d’amour chargée d’émotions et un arrière-plan historique très documenté et passionnant. Je crois que ce roman répond au projet de Maïlis Paire d’offrir à ses lecteurs une collection de romans historiques accessibles, mais avec une véritable ambition littéraire.
Quelle est l’émotion dominante que vous aimeriez laisser chez le lecteur ?
Certains lecteurs m’ont dit avoir été captivés par l’intrigue, mais m’ont aussi avoué que les derniers chapitres et la révélation finale leur avaient tiré des larmes.





