Une femme amnésique cherche à retrouver son identité. Mais si ses souvenirs n’étaient que des fictions créées pour survivre à l’impensable ? Un thriller mental où la vérité est un piège.
LA OU DANSE LE DIABLE
9782490313419
Emprisonnée dans un corps meurtri, l’inconnue des urgences sort du coma sans aucun repère. Faute de renseignements quant à son identité, le personnel médical la prénomme Sara.
Lorsque son thérapeute lui présente les affaires de bébé et le doudou retrouvés auprès d’elle dans la voiture accidentée, elle sombre dans un état proche de la folie. Qu’est devenu cet enfant ? S’agit-il du sien ? Elle n’en a aucun souvenir…
Comment vivre enfermée dans le présent, sans rien connaître de son histoire ?Pour l’aider à reconstituer le puzzle de sa vie, Sonia et Quentin vont effectuer une plongée saisissante dans le passé trouble de la jeune femme.
Avec « Là où dans le diable », Joëlle Vialatte explore les méandres de la pensée et la dimension ésotérique de l’âme humaine.
Dérangeant, palpitant et intense…
Et si la vérité n’était qu’une histoire qu’on raconte assez fort pour qu’elle devienne réelle ?
Après un accident de voiture, une femme lutte pour assembler les morceaux épars de son passé ?
Sonia, les soignants…, tous se heurtent à un dilemme : faut-il préserver Karen de révélations trop douloureuses, ou l’obliger à ouvrir les yeux au risque de la perdre ? Là où danse le Diable explore la frontière ténue entre soin, vérité et abandon. Il interroge notre capacité à affronter la vérité quand elle menace l’équilibre fragile de notre identité.
Karen Duval/« Sara » : personnage central, amnésique, en quête d’identité. Personnalité qui oscille entre détresse sincère et manipulation involontaire. Figure complexe, ambivalente, bouleversante.
Sonia : patiente borderline, à la fois soutien, miroir et moteur de l’intrigue. Hantée par une enfance enfermée et des croyances mystiques. Elle évolue vers une conscience de soi plus lucide.
Le docteur Frich : thérapeute rationnel, figure d’ancrage. Partagé entre empathie et nécessité de mettre à nu les illusions de sa patiente.
Thomas/Alice/Marion et Quentin : figures d’un passé fragmenté, miroirs de ce que Karen refuse de perdre.
Maître Olivier Leroy : avocat allié à la quête de vérité, apporte les révélations documentées et juridiques.
Santé mentale et tabous : mythomanie, borderline, trauma, reconstruction après un coma. La fragilité psychique au cœur du récit.
Santé mentale maternelle : baby blues, dépression post-partum, traumatisme psychique après une perte ou un accouchement difficile
Manipulation et emprise : dérives liées à la vulnérabilité, fascination pour les gourous ou les soins alternatifs.
Quête d’identité : mémoire traumatique, droit à une deuxième chance, frontières floues entre vérité intime et récit fabriqué.
Violence sociale et familiale : isolement, deuil, pression du « modèle parfait » (mère, famille), et leurs effets destructeurs.
Justice et compassion : comment traiter ceux qui transgressent par désespoir ? Entre protection des victimes et compréhension des failles.
8 mars 2019
Transportée à Marseille, en unité de soins intensifs, l’inconnue a été maintenue sous surveillance constante.
En l’absence d’identité officielle, le personnel soignant de l’hôpital a choisi de l’appeler Sara, comme la sainte patronne des Gitans, probablement à cause de ses longs cheveux noirs, de ses immenses yeux de biche et de ses nombreux bracelets qui garnissaient son poignet gauche lors de son arrivée.
Depuis son accident, deux mois plus tôt, la jeune femme n’est toujours pas sortie du coma. Deux jours après son admission, elle a été opérée par le docteur Birgue, le meilleur des spécialistes maxillo-faciaux de l’hôpital. Il s’agissait de stabiliser les différentes fractures et d’immobiliser la mâchoire en vue d’une bonne guérison osseuse. Pour ce faire, le chirurgien avait utilisé des plaques qu’il avait vissées sur ses os.
Chaque jour, l’équipe soignante assurait les soins spécifiques. Maintenue sous oxygénation et sous perfusion pour prévenir des complications de l’atteinte des fonctions supérieures, la patiente, nourrie artificiellement à l’aide d’une sonde, était fréquemment déplacée pour éviter les escarres et les contractures. Sa fracture de la mâchoire était déjà en bonne voie de guérison.
— Comment allez-vous aujourd’hui Sara ?
Légèrement penchée pour remonter l’oreiller, l’infirmière stoppe net sa phrase rituelle. Elle se redresse promptement pour appuyer sur le bouton d’appel du médecin qui arrive immédiatement.
— Docteur, elle ouvre les yeux !
— Voyons ça !
Après un rapide examen, il sourit à Tiphaine qui a été la première à s’occuper d’elle.
— On est bien sur le début de la période d’éveil. C’est une bonne évolution, disons que le disjoncteur est rétabli, mais attention, on est encore loin de la reprise de conscience. C’est seulement quand on pourra à nouveau allumer les lampes qu’on saura qui est vraiment Sara.
Avec son franc parlé et ses explications imagées, le docteur Bertignac est très apprécié de son équipe.
Faute de papiers d’identité, les autorités avaient consulté tous les avis de recherche concernant la disparition d’une femme, la trentaine, correspondant à ses caractéristiques physiques. Compte tenu de la présence d’un sac contenant des couches, un biberon, un pyjama et un doudou, ils avaient élargi leurs investigations aux signalements d’enfants ou de nouveau-nés disparus. Sans succès.
Le mystère était total.
Qui était cette jeune femme, où allait-elle ? D’où venait-elle ? Était-elle accompagnée d’un bébé ? Et si oui, qu’était devenu cet enfant ?
Les jours qui suivirent, les petits signes avant-coureurs s’intensifièrent.
Lentement, mais sûrement, Sara était passée de la phase végétative au stade de conscience réactive. Sur commande, elle était en capacité d’ouvrir les yeux, de serrer une main ou d’esquisser de légers rictus. Tiphaine ne cédait rien. Sans relâche, elle lui parlait, elle la massait… Alternant stimulation et repos, elle était parvenue à créer une véritable interaction entre elle et sa patiente.
Même s’il ne pouvait tout intégrer, le cerveau de Sara, mis en action, percevait des informations.
À ce stade, les médecins étaient incapables de se prononcer sur les séquelles éventuelles.
Le moment le plus émouvant avait été le mouvement de tête signifiant « non », à la question de Tiphaine : « Avez-vous mal ? »
Surprise par ce premier mouvement de compréhension de la jeune femme, Tiphaine avait serré si fort son poignet qu’elle avait émis un petit cri.
Quel est le point de départ narratif de votre roman, et pourquoi ?
Tout est parti d’une question obsédante : que devient-on lorsque notre mémoire se dérobe ? J’ai imaginé une femme qui sort du coma, sans identité, mais avec l’intime conviction qu’on lui a volé quelque chose d’essentiel : son enfant. Ce point de départ m’offrait un terrain pour explorer le vertige de l’amnésie et la force des récits intérieurs dans notre quête de vérité.
Selon vous, quel est le cœur de votre roman ?
Au-delà du suspense psychologique, le cœur du livre est une interrogation sur la frontière fragile entre vérité et illusion, particulièrement quand il s’agit de nos blessures les plus intimes. C’est aussi un roman sur le désir d’enfant, sur ce que la maternité peut déclencher en nous : amour, espoir, mais aussi dérives, jalousies et chaos intérieur.
Quelle est la teneur de votre héros (héroïne) et pourquoi ?
Sara/Karen est une héroïne complexe : à la fois victime et manipulatrice, fragile et d’une redoutable ténacité. Ses comportements trompeurs reflètent un mécanisme de survie face à des blessures intimes. En l’écrivant, j’ai voulu explorer comment certaines épreuves personnelles peuvent influencer la perception de soi et la construction de sa propre histoire.
Dans quelle mesure votre texte entre-t-il dans la ligne éditoriale engagée conduite par les Éditions Red’Active ?
Mon roman explore les dilemmes sociaux et les zones d’ombre de l’âme humaine. À travers l’histoire de Karen et de Sonia, Là où danse le Diable tisse un lien constant entre l’intime et le social : il interroge la mémoire, la maternité, la manipulation et les failles identitaires tout en restant ancré dans un suspens psychologique. C’est exactement cette rencontre entre émotion, réflexion et intrigue que défend Red’Active.
Quelle est l’émotion dominante que vous aimeriez laisser chez le lecteur ?
J’aimerais que le lecteur referme le livre avec un mélange de trouble et d’empathie : le trouble d’avoir parcouru un territoire où le vrai et le faux se confondent, et l’empathie pour ces personnages qui luttent, chacun à leur manière, contre l’effacement ou l’injustice. Si le roman suscite aussi une réflexion sur nos propres récits intimes – ceux que nous choisissons ou non de croire –, alors il aura atteint son but.