
Maîtres… un roman bouleversant, une plume aiguisée et sensible qui traque, au sein d’une famille, le secret enfoui de l’inceste. Maîtres… le combat acharné d’une femme pour découvrir la vérité, libérer la parole et se rendre maîtresse de son passé et de sa vie.
MAITRES
9782490313501
Huis clos…
Ils sont là… les trois héritiers, la fratrie, réunis. Deux contre une. Nicole face à Philippe et Jacqueline.
Ils sont là, assis autour de l’imposant bureau du Maître, pour régler la succession de leur mère.
Ils sont là, et le passé s’invite à grand fracas dans la mémoire tourmentée de Nicole. Un souffle de souvenirs ravageurs brise les fenêtres, éventre les murs.
C’est que d’autres huis clos se sont joués dans la maison sous les grands arbres, sous les neiges amoncelées ou dans la tiédeur des jours d’été. Quelles alarmes, quels déchirements, quelle folie résonnent encore dans les pièces désertées ?
Dans cette maison à la dérive, le passé est à l’œuvre. Fracturer la porte cadenassée, emprunter un chemin douloureux, là est l’impérieuse nécessité pour Nicole.
Masquée, dénaturée, dévoilée… quelle est La vérité ?
Là-bas, sur les hauteurs, souffle un vent libérateur.
Dans quel obscur et douloureux passé les dysfonctionnements familiaux prennent-ils racine ? Quelles souffrances, parfois extrêmes, toujours ravageuses, les silences accumulés peuvent-ils faire naître ? Y a-t-il nécessité plus absolue que de libérer la parole et d’ouvrir grand les portes ?
Dans un office notarial, se règle une succession. Trois héritiers se font face. La plus jeune, volontiers critique, se tient à distance et s’évade par la pensée. Quels souvenirs la hèlent dans ces terres de Haute-Provence ? Dans quel récit nous entraîne-t-elle ? Où nous conduira ce suspense psychologique ?
Deux familles jouent leur histoire sur cinq générations. Le récit conduit le lecteur dans les méandres psychologiques de ses membres, soumis à la rancœur, à la jalousie, victimes douloureuses de dysfonctionnements incontrôlés. Ils ont pour unique héritage la souffrance qu’ils se transmettent, sans le savoir, sans le vouloir, d’une génération à l’autre. Chacun cherche ses défenses et se construit un abri.
Mais la grandeur d’âme de personnages solaires et le combat pour la vérité laissent entrevoir la lumière.
Enjeux sociaux.
- L’inceste, et plus largement les violences sexuelles faites aux enfants, est un problème social qui engage toute la société. La CIIVISE, Commission indépendante sur l’inceste et les violences faites aux enfants, nous alerte dans un rapport d’octobre 2024, alors que, traditionnellement, l’inceste risque encore d’être minimisé et même banalisé.
- La place traditionnelle de la femme dans une société tourmentée par les questions féministes est au cœur de l’actualité. Maîtres est parcouru par le thème de la maternité et de l’allaitement et nous interroge de façon cruciale sur le rôle de la mère.
Implications psychologiques des enjeux sociaux.
- Les traumatismes de la petite enfance, la trace consciente ou inconsciente qu’ils laissent en nous, la résilience et la reconstruction nécessaires, voire vitales dans un monde en constante mutation… autant de questions que les drames de l’actualité font sans cesse ressurgir. Nicole, l’héroïne de Maîtres, incarne successivement les étapes de cette brûlante problématique.
- Les dysfonctionnements familiaux, porteurs de souffrances et de conflits, est le sujet central de la psychologie. Sortir les individus de l’isolement et de la honte, les libérer par la parole est la raison d’être d’une science vers laquelle se tournent de plus en plus d’individus.
Votre roman Maîtres commence par une comptine qui vient s’abolir dans le cadre stéréotypé d’un Office notarial. Pourquoi ce choix ?
La comptine que Nicole invente fort à propos évoque l’enfance.
A-t-elle envie, à cet instant, de s’y réfugier ?
Elle l’invente fort à propos, en effet, car elle décline, dans un jeu verbal, des expressions comportant le mot « maître ». Or le maître qui s’impose d’emblée au début du roman, c’est le notaire chargé de la succession et de la vente de la maison familiale et, dès la première page, on sait que Nicole ne l’apprécie guère. Elle lui réserve un portrait-charge qui ira en s’étoffant au fil du récit.
La comptine perd assez vite sa vertu libératrice et nous introduit dans le huis clos étouffant de l’Étude notariale, dont le lecteur ne sortira qu’à la dernière page. Le huis clos notarial en appelle un autre, celui de la maison familiale, cernée par de grands arbres, qui, lui-même, en contient un troisième, une chambre dont la porte est fermée à clé.
La comptine est-elle vraiment libératrice ?
Selon vous, quel est le cœur de votre roman ?
Le cœur de mon roman est un combat, un combat contre un secret qu’il faut révéler, contre les mensonges qu’il faut dénoncer, contre le silence qui veut ensevelir la vérité. Ce combat que Nicole, poussée par une impérieuse nécessité intérieure, mène pour elle-même doit lui apporter une victoire sur les doutes qui la rongent et la détresse qui l’anéantit.
Mais au-delà d’elle-même, elle lutte avec acharnement contre la souffrance dont elle est témoin, la souffrance qui dévaste sa famille et devient un héritage. Impuissants, honteux, inconscients des dysfonctionnements, nés eux-mêmes de souffrances plus anciennes, sa mère, son père, sa sœur, son frère en sont les victimes, livrés sans défense, en toute innocence, à des haines ou des comportements ignobles. Ils sont, par ignorance, les passeurs du mal pour les générations suivantes.
Ce combat pour le retour sur soi, la prise de conscience, la remise en cause, la libération de la parole dépasse largement les limites de mon roman. Il a une portée universelle et peut concerner chacun de nous.
Question : Héros ou antihéros, comment caractérisez-vous vos personnages ?
Nicole est doublement l’héroïne de Maîtres. Elle en est le personnage principal. C’est sa détermination qui crée l’action. Elle tient les rênes du récit qui est écrit à la première personne. La narration se fait au plus près de ses émotions si bien que le lecteur se sent happé au point de partager ses sensations. Pris dans une fusion cinématographique, il voit, il touche, il sent avec elle, il ressent avec elle.
Son courage, sa force de caractère, son intelligence la rangent aussi parmi les personnages à qui on reconnaît des qualités ou des prouesses exceptionnelles.
Mais qu’en est-il des autres acteurs de ce roman ? Parmi les nombreuses figures qui composent cette famille, comment ne pas citer Anita, la mère, Jean, le père, Jacqueline, la sœur, Philippe, le frère ? Leur rôle est central. Ce sont eux qui, tour à tour, créent les conditions de l’intrigue et sont responsables du drame.
Ne sont-ils pas des antihéros ? Tout en eux se situe à l’inverse absolu des caractères, des valeurs et des mérites qui font les héros. Tout en eux les oppose dans le roman à Nicole. Ils sont l’ombre, elle est la lumière. Mais ces antihéros ont besoin de notre compassion et même de notre indulgence.
Je les ai créés responsables, mais non coupables.
Dans quelle mesure votre texte entre-t-il dans la ligne éditoriale engagée conduite par les Éditions Red’Active ?
Les enjeux de société qui sont au cœur du roman, l’inceste, les dysfonctionnements familiaux, la place de la femme dans le monde actuel et au sein de la famille constituent des sujets essentiels de l’engagement voulu par la ligne éditoriale des éditons Red’Active. Les implications psychologiques induites par ces enjeux majeurs y ont également toute leur place.
Quelle est l’émotion dominante que vous aimeriez laisser chez le lecteur ?
L’histoire poignante de Nicole et de sa famille aura atteint son but si elle touche au cœur les lecteurs, si elle leur parle d’eux-mêmes. Ce récit est une fiction, cependant… combien d’entre nous pourraient se reconnaître dans tel épisode, dans telle phrase, dans telle émotion ? Combien d’entre nous pourraient voir apparaître dans tel personnage la silhouette familière d’un père ou d’une sœur ? Combien de portes fermées ne demandent qu’à s’ouvrir ?
Oui, si ce récit permet à mes lecteurs d’entrouvrir une porte, il aura atteint son but.
Trop tard ! J’ai raté la mention des chambres…, celle des parents, celle de Philippe, celle de Jacqueline…, et moi ? Chacun avait sa place, porte fermée, ou croyait l’avoir… Un trublion, porte fermée, porte ouverte, passait de l’une à l’autre…, confusion, désordre. Jacqueline n’a pas tort, finalement !
Il fallait bien essayer de mettre un peu d’ordre ! Ce n’était plus possible de continuer comme ça, ne pas comprendre, ne plus savoir, tout mélanger !
Il a bien fallu me décider à écrire ce désordre, ce fatras de récits, d’anecdotes, de ma mère surtout, mais parfois aussi de mon père, de ma grand-mère, mêlés à mes souvenirs ou à ce que je crois être mes souvenirs. Parfois, je ne sais plus qui m’a raconté ou même qui parle. Un fouillis, un immense fouillis, gestes, paroles, cris, colères, disputes, conflits, ruptures, et des odeurs, des sourires, des grimaces, des éclats, de jour, de nuit, des caresses, des frissons, des peurs, des tremblements, des nausées...
Le temps se joue de moi, moi toute petite, 4 ans, 5 ans, à peine plus. Mes souvenirs ou les souvenirs que les autres m’ont donnés… Ma mémoire en bribes, en lambeaux… Moi, à 8 ans, 10 ans, de grandes plages lumineuses et des trous, un peu partout.
Trous…, trou de serrure…, serrure…, clé…, ne pas toucher…, ne pas tourner la clé…, ne pas ouvrir la porte... Porte fermée…, un tour de clé…, deux tours de clé…
***
« Maman, on est entré dans ma chambre ! Qui a fait ça ? Tu avais promis ! » Jacqueline crie, elle crie encore, je me bouche les oreilles, j’ai peur, elle crie toujours, je l’entends et je la vois surgir dans la cuisine. Je vois le fond…, tout au fond… sa bouche noire qui hurle… Je vois l’envers de ses yeux…, elle est laide, laide à faire peur, j’ai peur. Voilà tout mon souvenir. Pour le reste, c’est ma mère qui me l’a raconté.





