
Cet ouvrage est préfacé par deux voix majeures que sont celles du professeur Jean Naudin, psychiatre, professeur des universités et chef de service au CHU de Marseille, qui signe ici une préface lucide et ample :
« Nous sommes entrés dans une ère où la frontière entre le normal et le pathologique s’efface. L’ouvrage d’Hervé Madet redonne au mot névrose sa dignité, celle d’un combat pour rester humain dans un monde d’artifices. »
Et celle de l’éminent professeur Marcel Rufo, pédopsychiatre reconnu et figure de référence pour plusieurs générations, qui apporte quant à lui un regard bienveillant sur les jeunes et les transformations sociales :
« Ce livre offre une lecture salutaire du mal-être adolescent et adulte d’aujourd’hui. Il aide à comprendre sans juger, et à croire encore dans la capacité des jeunes à se construire. »
MALAISE DANS LE XXIE SIECLE, LA NOUVELLE NEVROSE
9782490313617
Évolution des troubles psychiques, enfant-roi, états-limites, changements du fonctionnement familial, développement du narcissisme ou encore enjeux environnementaux, toutes les notions et tous les sujets abordés dans cet ouvrage entretiennent en réalité des relations étroites avec l’actualité, en ce qu’il constitue en réalité une analyse psychanalytique des dérives de notre société dont il examine les causes, met les conséquences en perspective, et ouvre la voie vers un avenir meilleur.
Le sous-titre de Malaise dans le XXIe siècle pourrait être Quand la société devient le patient. En effet, entre perte des repères, glorification de l’instant et peur du vide, notre siècle voit émerger une pathologie collective inédite : la nouvelle névrose. Dans cet essai à la fois clinique, philosophique et profondément humain, Hervé Madet explore les symptômes de notre modernité : isolement numérique, effondrement du lien symbolique, rejet de la contrainte et fatigue d’exister.
Quand la société devient le patient, cet essai majeur d’Hervé MADET propose une plongée clinique et humaniste dans les troubles de notre époque. Entre perte des repères, glorification de l’instant et peur du vide, notre siècle a vu émerger une pathologie collective inédite : la nouvelle névrose. Dans cet essai percutant, à la fois clinique, philosophique et profondément humain, l’auteur interroge les symptômes de notre modernité : isolement numérique, effondrement du lien symbolique, rejet de la contrainte, et fatigue d’exister. Fruit d’une longue expérience de praticien et de chercheur, Malaise dans le XXIe siècle ne se contente pas de dresser le constat d’une souffrance. Il ouvre une réflexion sur la possibilité de réenchanter le réel, de réapprendre la frustration, et de redonner sens à l’effort comme à la joie.
Rodolphe OPPENHEIMER
Quel est le point de départ de votre essai ?
L’ouvrage s’inscrit dans une démarche pédagogique visant à sensibiliser le plus grand nombre à l’évolution des formes de souffrance et des troubles psychiques, regroupés sous le terme de « nouvelle névrose ».
Selon vous, quel est le cœur de votre essai, son intention ?
L’objectif de ce livre est d’apporter des éclairages au grand public sur des thématiques psychologiques actuelles et de lui redonner espoir en la jeunesse et en l’avenir.
Dans quelle mesure votre texte entre-t-il dans la ligne éditoriale engagée conduite par les Éditions Red’Active ?
L’ouvrage témoigne d’un engagement intellectuel et social, tout en poursuivant une visée pédagogique et une mission de sensibilisation auprès du public, en parfaite cohérence avec la ligne éditoriale des Éditions Red’Active.
Quelles réponses souhaitez-vous apporter à vos lecteurs ?
L’ouvrage poursuit un double objectif : d’une part, offrir aux lecteurs des clés de compréhension et des pistes de réflexion pour appréhender le malaise contemporain ; d’autre part, proposer une analyse des troubles psychiques actuels afin de favoriser une prise de conscience de l’évolution des dynamiques psychiques et de mieux comprendre les comportements contemporains.
La pathologie de l’état limite
La pathologie État limite se caractérise par des symptômes tels qu’une angoisse flottante importante, une hypochondrie, signe d’un repli narcissique, une culpabilité très peu présente, une facilité au passage à l’acte impulsif, une forte consommation de stupéfiants et d’alcool, des affects contradictoires rappelant le phénomène du clivage. La liste n’est pas exhaustive, mais fait fortement écho à une fixation orale et la permanence d’une psychologie enfantine, d’un moi peu construit et d’une inadaptation sociale.
À l’origine de la pathologie, nous pouvons évoquer un sevrage trop tardif, qui rendra cette épreuve d’autant plus insupportable et ingérable pour l’enfant, et qui générera une relation particulière, notamment à l’objet d’amour, alternativement faite d’envie et de rejet. Le sujet concerné par cette pathologie est généralement décrit comme particulièrement traumatisable, surtout dans un lien faisant résonner la relation mère/enfant. L’évolution de la névrose génère donc le passage de l’enfant traumatisé à l’enfant surprotégé, en devenant par là-même traumatisable, même si le narcissisme ambiant ne nous aide pas à le reconnaitre.
L’hypothèse que nous posons est la suivante : un enfant traverse les trois premières années de son existence, et notamment de zéro à un an, dans un cocon familial. Il est très aimé, placé au centre de toutes les préoccupations, il est le prolongement narcissique de ses parents qui ont également eu une enfance un peu semblable. Ces derniers sont peut-être concernés par une légère névrose de séparation et, de ce fait, ont une certaine appréhension de perdre l’amour de leur enfant. Ils sont donc très peu capables d’opposer un refus aux demandes de cet enfant. La pulsion de vie de ce dernier, passés les premiers mois, se trouve confortée par cet environnement qui lui convient tout à fait et dans lequel il peut satisfaire son désir normal de toute-puissance. Les mois passent, il vit des moments confortables, mais il y a un, mais… Il n’est confronté à aucun autre mode relationnel et l’apprentissage de la gestion de la frustration n’a pas lieu. Si, à ce moment-là, cela ne pose aucun problème, cela constitue néanmoins une hypothèque relationnelle qui se concrétisera à partir de son adolescence. De plus, n’ayant connu que très peu l’expérience du manque de l’objet, le désir, dans son expression la plus large, n’est pas activé. Ce mécanisme se trouve renforcé par un accès aux questions sexuelles trop précoce, et ce pour des raisons sociétales et technologiques.
Telles sont, selon nous, les raisons principales qui rendent compte de l’émergence de cette pathologie État limite qui, précisons-le, concerne plus particulièrement les couches sociales plutôt aisées. De manière « caricaturale », si le manque n’est pas présent, le désir n’est pas stimulé et, par voie de conséquence, le sujet peine à trouver un sens à son existence. L’individu État limite et sa pathologie peuvent ainsi se résumer par un manque de désir et de sens.
Si l’individu se pose indéfiniment la question du but de l’existence – et qu’il ne la trouve pas –, il a au minimum besoin de trouver un sens à son existence propre. Selon Nietzche : « La vie n’est digne d’être vécue seulement si nous avons des buts à atteindre. » Le désir est de nature à apporter une réponse à cette problématique et l’absence de désir, en revanche, est dépréciateur et réactivateur d’angoisse, désespérante. L’absence de passage à l’acte qui s’ensuit devient alors mortifère. À date, un tiers des suicides en France concerne cette pathologie.





