
Nées à Odessa interroge les lignes de force du destin : celles qui séparent et celles qui unissent. Entre abandon, transmission, liens de sang et liens de cœur, qu’est-ce qui fait fondamentalement d’une femme une mère, une sœur, et qu’est-ce qui définit vraiment une famille ? La guerre en Ukraine fait ressurgir le passé et questionne les origines…
NEES A ODESSA
9782490313525
Quatre personnages de femmes délivrent leur vérité. Identité, filiation, adoption, dans un monde où le passé est trouble, l’avenir un combat et le présent à redéfinir. Odessa-Marseille. La guerre les sépare et les unit. La mort et la vie.
Quatre destins de femmes. Des parcours qui s’inscrivent dans l’Histoire des hommes et dans la géographie de l’intime.
«Je suis Oksana, j’ai 22 ans sous les bombes d’Odessa, ce jour du mois de mars de l’année 2022.
Je suis Polina, j’ai presque 18 ans sous le soleil de Marseille, ce jour de mars 2022. Je suis née à Odessa. J’ai été abandonnée à Odessa. J’ai passé mes deux premières années à l’orphelinat n°2, derrière la plage, entre la mer Noire et l’église dorée.
Je suis Anastasia, j’ai 23 ans, j’ai donné la vie à Oksana et Polina, je les abandonne à la ville et à la vie, je m’apprête à quitter Odessa pour le royaume des morts.
Je suis Anna, j’ai 45 ans, je suis mère de Polina depuis un jour de magie de novembre 2016 au bord de la mer noire, près d’une église dorée. Je suis née mère à Odessa ce jour-là ».
Ce roman court donne à entendre la voix de quatre femmes, entre Marseille et Odessa, entre le soleil et les bombes, entre la douleur et l’espoir. On espère avec elles, on respire avec elles…
Quatre personnages de femmes délivrent leur vérité. Identité, filiation, adoption, dans un monde où le passé est trouble, l’avenir un combat et le présent à redéfinir. Odessa-Marseille. La guerre les sépare et les unit. La mort et la vie. Quatre destins de femmes. Des parcours de vie qui s’inscrivent dans la géographie de l’intime et dans l’Histoire universelle.
Je suis Oksana, j’ai 22 ans sous les bombes d’Odessa ce jour du mois de mars de l’année 2022.
Je suis Polina, j’ai presque 18 ans sous le soleil de Marseille, ce jour de mars 2022. Je devrais être sous les bombes d’Odessa. Je suis née à Odessa. J’ai été abandonnée à Odessa. J’ai passé mes deux premières années à l’orphelinat n° 2, derrière la plage, entre la mer Noire et l’église dorée.
Je suis Anastasia, j’ai 23 ans, j’ai donné la vie à Oksana et Polina, je les abandonne à la ville et à la vie. J’ai quitté Odessa pour le royaume des morts.
Je suis Anna, j’ai 45 ans, je suis mère de Polina depuis un jour de magie de novembre 2006 au bord de la mer Noire, près d’une église dorée. Je suis née mère à Odessa ce jour-là.
La guerre en Ukraine
Le roman se déroule en partie à Odessa, sous les bombes russes, en 2022, lors du début de la guerre en Ukraine, qui est malheureusement toujours d’actualité. À travers le personnage d’Oksana sont racontés les catacombes, la perte, l’exil et l’espoir d’une vie à reconstruire.
L’adoption internationale
Ce roman aborde également le sujet de société qu’est l’adoption internationale. Au plus près des quatre personnages : la mère biologique, la mère adoptive, la sœur adoptée à Marseille et la sœur qui a grandi dans un orphelinat, et qui est restée à Odessa.
Notamment avec le parcours d’Anna, la mère adoptive, qui est allée chercher sa fille Polina à Odessa, et qui raconte toutes les étapes éprouvantes vécues pour la ramener chez elle, ainsi que le lien fort qui les unit.
Mais aussi à travers le regard de Polina, adolescente pleine de vie, animée des préoccupations propres à son âge, de ses souvenirs flous, enfouis ou à fleur de peau, avec ou sans lesquels elle doit se construire.
Quel est le point de départ narratif de votre roman, et pourquoi ?
L’écriture de ce roman a démarré avec la guerre en Ukraine. L’éclat des bombes a provoqué le processus d’écriture. Cette histoire, qui infusait depuis de nombreuses années, est née de cette sidération.
Le point de départ narratif, c’est donc la guerre, avec les bombes qui éclatent sur Odessa, tel que nous le raconte le personnage d’Oksana.
Selon vous, quel est le cœur de votre roman ?
C’est la question de l’identité et de la filiation qui est au cœur du roman, à travers le thème de l’adoption. J’ai adopté mon fils en Ukraine, alors l’écriture de ce roman s’est imposée. Je souhaitais témoigner de mon parcours de mère adoptive, des aléas et des épreuves à surmonter, mais à travers le filtre de la fiction, en imaginant des personnages qui incarnent divers points de vue sur le sujet.
Quelle est la teneur de votre héros (héroïne) et pourquoi ?
Mes quatre héroïnes sont liées par l’ancre-cœur, symbole du jumelage de Marseille et Odessa, une sculpture installée sur le Vieux Port de Marseille. Elles incarnent une résilience possible, par l’amour filial et familial qui les constitue ou qui s’impose à elle, malgré tout.
Dans quelle mesure votre texte entre-t-il dans la ligne éditoriale engagée conduite par les Editions Red’Active ?
Nées à Odessa s’inscrit pleinement dans la ligne éditoriale de Red’Active en abordant des thématiques profondément ancrées dans les préoccupations contemporaines. À travers une narration sensible et incarnée, ce roman interroge notre rapport aux origines et à l’identité. Raconter l’humain dans ce qu’il a de sombre et y trouver la lumière. Aborder des thèmes de société et d’actualité forts. Aller de l’intime à l’universel.
Quelle est l’émotion dominante que vous aimeriez laisser chez le lecteur ?
De l’empathie. Une forme de tendresse lucide, sans pathos, mais avec une émotion vraie. J’aimerais que la poésie du texte l’emporte sur le drame de la guerre. J’aimerais que la musique des mots l’emporte sur le bruit des bombes. J’aimerais que la force de l’amour permette toujours l’espoir.
En refermant le livre, je souhaite que l’on se sente relié aux autres, à l’Histoire, et à soi-même.
Dans la fraîcheur d’une nuit de mars au bord de la mer Noire, les lumières explosent en un fracas de fin du monde. Les heures rescapées se mesurent aux moteurs des avions qui s’éloignent vers des horizons moins chanceux. Et soudain, les espoirs éclatent avec les bombes qui s’écrasent au sol, pulvérisent la terre, anéantissent les bâtiments, exterminent les corps. Ce funeste ballet dans le ciel se nomme « Guerre ». C’est bien elle, la Guerre, qui s’abat sur Odessa en cette année 2022, toujours prompte à se nourrir de la folie des hommes, de la soif de pouvoir et d’argent, de la faim de ces animaux insatiables qui s’arrachent des parcelles de terre et de mer, exécutent les ordres, exécutent leurs semblables, exécutent hommes, femmes, enfants, indifféremment.
Der’mo ! Merde ! Quand cela s’arrêtera-t-il ? Quand le monde ne sera plus monde ? Quand tout aura pété, quand tout sera contaminé, quand les radiations resteront les seules respirations possibles ici-bas ?
Ou plutôt devrais-je dire layno ! Merde !
Faut-il désormais jurer en russe ou en ukrainien ? Doit-on choisir ? Dois-je choisir entre mon père russe et ma mère ukrainienne ? Entre la langue parlée ici, à Odessa, ou celle parlée à Kiev, ou plutôt à Kyiv. Le langage est la Guerre. Les mots sont des obus à soupeser, avant de les lancer au visage de l’autre, au visage du monde.
Il nous reste les mots pour nous défendre et nous définir.
Il nous reste les mots pour chanter notre honneur et notre dignité, et crier fort « À l’aide ».
Il nous reste les mots pour dire « Je t’aime » à ceux que l’on aime, « Au revoir » à ceux qui partent et « Courage » à ceux qui restent.
Il nous reste les mots pour survivre.
Il nous reste les mots pour ne pas oublier notre passé et conjuguer un futur possible.
Rester. Prier. Croire.
Attendre que ça passe, les nuits dans les catacombes, avec les bougies, la lampe frontale, de l’eau, du pain, des livres.
Célébrer que ça passe, avec Dimitri et Maksim, avec Lilia et Svetlana.
Zdorov’ye ! Santé, les amis ! Zdorov’ya ! Un e ou un a ? La vie tient à peu de choses. À une lettre près. Vidons jusqu’au dernier verre. E ou a ? Pile ou face ? Vie ou mort ?
Je suis Oksana, j’ai 22 ans sous les bombes d’Odessa ce jour du mois de mars de l’année 2022.





